Compte rendu de la soirée par Valérie Prima, du groupe résilience alimentaire de La Brouette & le Panier
Photos 😍 de Céline Gispert.
C’est dans le cadre de la Fête des Possibles et d’un projet de candidature à un Projet Alimentaire Territorial (PAT) sur la vallée du Giffre, que l’association ‘La brouette et le Panier’ a organisé la projection de « la Théorie du Boxeur », un film-enquête de Nathanaël Coste, suivie d’un temps d’échange animé par Serge Worreth, journaliste.
Le documentaire se déroule dans la vallée de la Drôme auprès d’agriculteurs bio et conventionnels pour qui le temps de l’adaptation a déjà commencé. Sur le terrain, les approches diffèrent, qu’elles reposent sur les technologies, les stockages d’eau, la gestion des sols ou l’agroécologie.
A partir de témoignages d’agriculteurs, de chercheurs ou de techniciens, cette enquête questionne la résilience alimentaire d’un territoire mais aussi le devenir de notre système agroalimentaire.
85 personnes ont fait le déplacement pour assister à la projection du film ‘La théorie du boxeur’ au cinéma de Taninges ce 13 septembre 2024.
L’échange qui a suivi avait pour vocation de mettre en lumière les problématiques spécifiques rencontrées au niveau agricole à l’échelle de la Vallée du Giffre, en résonance avec les questions soulevées par le documentaire. Il s’inscrivait également dans une réflexion plus large incluant l’ensemble des acteurs œuvrant autour de l’alimentation, avec comme horizon la possibilité de co-construire un Projet Alimentaire Territorial tenant compte des particularités et des enjeux propres à notre territoire.
Serge Worreth a plus particulièrement donné la parole à Thomas Andreassian, pépiniériste à la Ferme pour Tous à Domancy, Philippe Monet élu adjoint à Marignier et notamment référent du PAT pour la Communauté de Communes Faucigny Glières, Benoît Chambourdon, conseiller municipal à La Roche-sur-Foron, Nora Beriou de l’association Giffre en Transition, Audrey Romand, chargée de mission environnement à la ville d’Annemasse, et Pauline Sansonnet, chargée de mission Ruralité pour la communauté de communes Faucigny-Glières, afin de recueillir leurs points de vue et expériences respectives.
Tout le monde s’accorde pour dire que pour l’heure la Haute-Savoie reste relativement épargnée par le manque d’eau (en comparaison avec la Drôme).
Des circuits courts sont valorisés et existants, notamment en ce qui concerne la viande et le fromage.
Sur des territoires proches, les difficultés rencontrées portent plutôt sur l’accompagnement des filières locales notamment la production de fruits et le maraîchage, les politiques locales, l’accès au foncier ou encore la concurrence de l’industrie face à une agriculture paysanne.
Pour ce qui est de l’expérience des PAT, il s’agit d’un outil accessible aux politiques locales qui connaît des réussites ou des portées variables. A la Roche- sur-Foron notamment d’après B. Chambourdon, il semble peu performant. Il prône notamment de plus fortes mobilisations citoyennes au cœur des listes électorales afin d’avoir plus de poids et de parvenir à mettre en œuvre ce type de projets ambitieux.
P. Monet donne quelques clés de compréhension autour de ce qu’est un PAT et évoque les orientations prises par la CCFG. Il était essentiel de réussir à faire venir tous les acteurs autour de la même table, d’essayer de rassembler sans se diviser, avec une volonté d’identifier et mettre en œuvre rapidement des actions concrètes. La première a notamment porté sur l’accès au foncier. Mais le temps de la collectivité, avec l’ensemble des rouages réglementaires inhérents, est forcément un temps long.
Le modèle de fonctionnement de La ferme pour Tous est présenté par T. Andreassian. L’association est propriétaire, ce qui permet au lieu et au projet de perdurer, alors même qu’il peut y avoir de la mobilité auprès des agriculteurs qui la composent.
N. Beriou souligne l’importance de chercher à rassembler et l’intérêt des échanges entre différents PAT.
Malgré l’absence de nombreux élus de la vallée invités à cette soirée, leurs témoignages d’intérêt en faveur d’un PAT incite à poursuivre un travail de fond les associant, ainsi que tous les acteurs impliqués autour de l’alimentation, en espérant réussir à mobiliser toujours plus de personnes, citoyens comme professionnels.
Sont également évoqués quelques projets vertueux ou choix politiques locaux plus lointains tels que l’obligation de cultiver des terrains en friche, des municipalités créant leur propre ferme…
La soirée s’est conclue par des échanges conviviaux partagés autour d’un buffet composé de produits locaux.